Comment la CNV peut transformer l’éducation ?
Dans une conférence TEDx de qualité, Catherine Schmider, cofondatrice de l’association Déclic-CNV & Education, nous invite à réfléchir à l’impact de nos mots sur les enfants, et oeuvre quotidiennement pour une éducation plus bienveillante, et ainsi un monde plus humain.
Pour amener sa réflexion, Catherine Schmider est partie de trois constats :
- Les mots peuvent faire très mal et laisser des traces indélébiles.
- Un enfant qui n’est pas écouté dans ce qu’il ressent perd confiance en lui, et même s’il peut paraître en situation de réussite vu de l’extérieur, il peut être en grande souffrance à l’intérieur.
- Il peut y avoir un décalage très important entre les belles intentions de l’adulte et la réalité de ce que l’enfant vit.
En tant qu’enseignante, elle est partie à la recherche d’une forme d’autorité bienveillante, qui mêlerait cadre et compréhension. Et c’est grâce à la Communication Non Violente de Marshall Rosenberg, qu’elle a trouvé des clefs pour une approche basée sur la compréhension et la prise en compte des besoins fondamentaux de tout être humain, et ainsi pour vivre des relations de qualité. Elle présente deux axes fondamentaux :
L’art d’écouter : L’axe central de cette méthode est l’écoute. Etre à l’écoute des sensations et des émotions, que ce soit des nôtres ou celles des autres. En effet, ce sont de précieux indicateurs précieux de ce qui se passe en nous, et de nos besoins. Ainsi, l’accueil des émotions de l’enfant est la base d’une éducation bienveillante. Et cette écoute empathique va agir sur le développement de son estime de soi, sa sécurité intérieure, et lui permettre de ressentir qu’il a le droit d’être qui il est.
Par exemple, s’il tombe et se met à pleurer, cessons de lui dire “ Arrête, ce n’est rien… “ mais exprimons lui plutôt compassion et écoute : “ Je comprends que tu as eu peur, je suis là ne t’inquiètes pas… “. Enfin, il est important de comprendre que derrière chaque émotion, se cache un besoin…
Les neurosciences nous montrent que jusqu’à l’âge de six ans, le cerveau n’est pas tout à fait développé, notamment les zones qui contrôlent les émotions, qui ne sont pas matures. Ainsi, l’enfant vit de véritables tempêtes émotionnelles qu’il incapable de contrôler. Il est n’est donc pas efficace de lui parler de manière rationnelle. La seule clef dans ces cas-là est l’accueil de ses émotions.
L’art de s’exprimer : L’autre clef demeure dans notre façon de nous exprimer. En effet, bien souvent, pris dans l’engrenage du quotidien, nous ne faisons pas forcément attention au type de vocabulaire que nous employons avec nos enfants. Or, des mots qui nous paraissent anodins, peuvent avoir un impact très important sur nos tout petits. En effet, nous sommes leurs premiers référents, et ils boivent nos paroles comment étant des vérités, leurs vérités, et ainsi leur réalité. Il est donc important d’apprendre à exprimer notre contrariété et de poser des limites en parlant de nous et en faisant des demandes.
Prenons l’exemple, dans une salle de classe, d’une enseignante qui remet une copie avec une mauvaise note à un élève : “ 5/20 à ton devoir, c’est une vraie cata, il serait temps de t’y mettre, je me demande bien ce qu’on va faire de toi…” Imaginez ce que cela fait à l’intérieur. Or, si elle dit plutôt “ Tu as eu 5, j’aimerai comprendre ce qui c’est passé, parce que j’ai vraiment à coeur d’aider tous mes élèves à réussir. Serais-tu d’accord pour qu’on en discute après la classe ? “. Les mots ont un véritable pouvoir et changent tout.
Les neurosciences nous disent que l’enfant est empathique par nature, et que si on lui parle avec bienveillance, les zones de son cerveau qui permettent de prendre en compte ce que l’autre vit, et de reconnaître ses émotions vont se développer. Mais si il vit de grands stress répétés, ces zones ne vont pas se développer correctement, ce qui aura des conséquences sur toute sa vie…
Changer le monde :
La difficulté aujourd’hui, c’est que nos modes d’éducation actuels sont basés sur la croyance que l’être humain ne sait pas distinguer le bien et le mal : ainsi, on lui apprend ce qui est bien et mal, qui est gentil et méchant, on passe par des jugements de valeur, de la compétition, des comparaisons… Ce qui incite soit à la soumission, soit à la rébellion, mais certainement pas à l’épanouissement…
Mais ! Un autre regard existe… Oui, si on voit l’être humain comme un être sensible qui aime avant tout contribuer au bien être des autres, alors on va l’éduquer avec l’écoute de ce que vit l’enfant, l’expression de ce que nous vivons nous en tant qu’adulte, et donc une gestion des conflits qui va prendre en compte les besoins de chacun. Et là, se développe naturellement la coopération, la créativité, le respect de chacun, et on voit l’estime de soi se renforcer…
Soyons optimistes, car le changement est en cours ! La CNV est aujourd’hui reconnue par l’éducation nationale, et commence même à apparaître dans les cursus de formation des enseignants !
Nous pouvons tous être acteur de ce changement ! Parce que nous, nous sommes la génération de la transition. Nous avons appris, à travers notre expérience, une forme de communication dont nous voyons bien les effets dans la qualité de nos relations avec la famille, le travail, la société… Il est donc temps d’être le changement que nous voulons voir dans le monde ! Parlons à nos enfants comme nous aimerions qu’on nous parle, et écoutons-les comme nous aimerions être écoutés !
Pour aller plus loin, découvrez l’association de Catherine Schmider : Déclic-CNV & Education
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